Bonjour, merci de cette rencontre magique que vous offrez aux lecteurs de mon blog.
Merci à vous Margaux !
Pouvez-vous me raconter comment vous êtes venue à l’écriture et ce que vous avez commencé à écrire ?
L’écriture est une passion depuis l’enfance. La fiction sous toutes ses formes, et d’abord la littérature, me nourrit, et m’a sans doute sauvée la vie. Ma première histoire, je l’ai écrite à 7 ans, ça s’appelait « les aventures de Mimi et Pomme de terre » et je l’ai signée… Comtesse de Hazan ! Et puis, lorsque j’ai découvert le cinéma et, que des années plus tard, j’ai tout fait pour devenir scénariste, je me suis petit à petit interdit d’écrire de la prose, pour me consacrer entièrement au scénario. Derrière l’argument professionnel, il y avait aussi un sentiment d’illégitimité. Un peu comme si la littérature était trop sacrée, et que je ne m’autorisais plus « que » l’écriture scénaristique, vouée à disparaître et se dissoudre derrière un bon film… Et puis, ces dernières années, en arrivant à Marseille, j’ai eu un passage à vide professionnellement. Alors j’ai renoué avec des notes sur des carnets et avec l’écriture de prose. J’ai écrit une trentaine de nouvelles très courtes, ai songé à en faire un recueil, mais une amie qui connaît bien le monde de l’édition m’a dit qu’en France, on ne publiait pas de nouvelles. Elle m’a conseillé d’écrire un roman…
Faisiez-vous lire à quelqu’un ce que vous écriviez ou écriviez-vous des choses que vous ne montriez à personne ?
J’ai toujours fait lire ce que j’écrivais, hormis mon journal évidemment. Je voulais savoir si mes tentatives d’histoires fonctionnaient, pour comprendre ce qui marchait, ce qui ne marchait pas et pour tenter de les améliorer. Sans doute une habitude de scénariste, car les scénaristes se lisent très souvent entre eux.
Lisiez-vous quand vous étiez enfant et adolescent ? Aviez-vous des auteurs préférés ?
J’étais une énorme lectrice, enfant. Mes auteurs préférés, il y en a eu des tas. Petite, c’était la Comtesse de Ségur donc, et aussi la série des Alice Détective, le Club des Cinq, Fantômette… Et puis sont venus les classiques, Maupassant, Flaubert, Zola, Hugo, et puis Romain Gary, Albert Cohen, Pennac, et enfin Proust…
Quelle place la lecture occupait-elle chez vos parents ? Y avait-il des livres, des journaux, des revues ?
Mes parents étaient et sont toujours de gros lecteurs. Ma mère est une grande lectrice de romans et de thrillers, une fan inconditionnelle d’Isaac Bashevis Singer et de Patricia Highsmith. Et mon père est un amoureux de San Antonio. Ce sont eux, indéniablement, qui m’ont donné le goût de la lecture.
Avez-vous écrit autre chose que des romans ?
J’ai écrit des scénarios de court métrage (dont certains que j’ai réalisés), des scénarios de long métrage (que j’espère réaliser un jour !), des scénarios de fiction télé (un peu tous les formats, 52’, 26’, 5’), des pièces radiophoniques (pour l’émission « Nuit noire, nuit blanche » sur France Inter, qui malheureusement n’existe plus), des nouvelles, des livres jeunesse, et même des textes de chansons !
Comment vous est venue l’idée de publier ?
Lorsque j’ai terminé la première version de « jean-jacques », je l’ai d’abord faite lire à mes proches et mes amis. J’avais besoin de savoir si « stop ou encore », en d’autres termes si ça valait le coup de persévérer. Face à leurs encouragements, j’ai commencé à envisager la possibilité d’une publication. Mais ça a pris du temps, et il a fallu de la patience, et beaucoup de ténacité…
Est-ce vous qui concevez vos couvertures de livres ?
Pour mes livres jeunesse, ce sont les illustrateurs, et pour « jean-jacques », c’est une graphiste très talentueuse qui travaille pour HarperCollins, qui a fait cette proposition suite au brief de mon éditrice. Et j’avoue aimer beaucoup cette couverture.
Y a-t-il des moments précis où vous écrivez ?
Dès que j’ai plusieurs heures libres devant moi !
Comment écrivez vous ?
J’essaie d’écrire depuis un endroit de sincérité et d’honnêteté. Sans essayer de faire à la manière de, et surtout sans me regarder en train d’écrire, sinon ce que j’écris est à jeter à la poubelle ! J’ai besoin de me plonger complètement dans le texte, et dans ma tête. Et je réécris beaucoup. Avec « jean-jacques », je me suis aussi amusée à donner des indices du livre en train de s’écrire. On pourrait prendre ça pour une coquetterie mais pour moi, ça touche précisément à cette sincérité du processus d’écriture évoquée plus haut, et c’est une jubilation. Celle que j’ai quand je lis des livres qui me donnent des clés pour comprendre ce que l’auteur fabrique en secret (comme par exemple dans le roman de Kérangal « Réparer les vivants », les noms de ses personnages qui sont autant de clés pour comprendre l’architecture du récit). Ou encore celle que j’ai face à des films qui racontent le film en train de se faire (comme par exemple « Ocean’s eleven », dont l’histoire d’un énorme casse reprend toutes les étapes de fabrication d’un film : idée/scénario, casting, répétition, tournage, projection… et succès !).
Comment vous vient l’idée d’un roman ? J’avoue que l’idée de jean-jacques est absolument géniale !
Merci ! L’idée de « jean-jacques » s’est invitée un peu par hasard. J’étais dans un creux professionnel et je me suis souvenue de la blague que mon mari m’avait faite, à savoir que pour mes 40 ans, il pouvait soi-disant me faire rencontrer Goldman, qui habitait à vol d’oiseau à moins d’un kilomètre de chez nous à Marseille… Je me suis dit : et si je faisais un documentaire sur une fille qui cherche Goldman dans les rues de Marseille ? Un mocumentary, un documentaire parodique. Alors j’ai commencé à rédiger une note d’intention pour demander des subventions à la Région. Et lorsque j’ai fait lire ma note à mon compagnon, il a vu la note – 15 pages ! – , s’est bien marré à me lire et m’a dit : écris un roman ! Et cette note d’intention est à peu de choses près le premier chapitre du livre. La suite s’est déroulée avec une certaine fluidité mais aussi beaucoup de travail. J’ai découvert, avec l’écriture de ce roman, l’art de la digression – interdite dans l’écriture scénaristique – , et c’était une grande liberté et un vrai bonheur !
De qui vous inspirez vous pour vos personnages ?
Des personnes que j’aime, de doubles imaginaires, de doubles opposés, de personnages publics…
Une dernière question, est ce que selon vous l’écrivain a un rôle particulier à jouer dans la société ?
Vaste question ! Oui bien sûr, l’écrivain est celui qui voit, qui scrute, qui alerte aussi, et qui nous tend un miroir plus ou moins déformant. C’est aussi, lorsqu’il se rapproche du poète, quelqu’un qui nous invite à nous échapper. J’avoue préférer cette invitation-là car la réalité m’est pénible… Et quand bien même l’échappée raconte elle aussi quelque chose de notre société. Mais je préfère ne pas penser à ça lorsque j’écris. Je pense d’abord à mon histoire et à mes personnages, et à l’écriture en tant que telle. Je laisse le soin à d’autres de juger du caractère « utile » ou non de mon sujet et de mon texte, de peur de m’autocensurer.
Le questionnaire façon Amélie Poulain
Carine aime
Le matin
Le bleu profond de la mer les jours de ciel clair
L’odeur du jasmin et des poivrons grillés
Le rire de ma fille
Jean-Jacques Goldman bien sûr !
Carine n’aime pas
Le pouvoir
Les postures mondaines
Les personnes négatives
Les parkings souterrains
Les dobbermans